Nouveau cours ouvert à tous : « L’Histoire du Yoga »
L’École Française de Yoga (EFY) ouvre un nouveau cours sur l’histoire du yoga, donné par Ysé Tardan-Masquelier, historienne des religions et responsable des projets à l’EFY. Nous l’avons interviewée.
L’Histoire du Yoga. Pourquoi ce nouveau cours ? Pourquoi aujourd’hui ?
J’ai donné à ce cours un sous-titre : « une reconstruction actuelle ».
En effet, depuis les années 2000, tout bouge dans cette histoire, et il faut remiser au passé les vieilles idées héritées de l’orientalisme. Des programmes de recherches universitaires, surtout anglophones, proposent des angles de vue très novateurs que j’ai découverts en dirigeant Yoga. L’Encyclopédie. On édite, à notre époque, des manuscrits inédits ou des versions différentes de textes déjà connus qui dormaient dans d’anciennes collections princières indiennes. Les indianistes familiers des littératures anciennes s’adjoignent des ethnologues qui rendent compte de doctrines et de pratiques encore en usage chez certaines confréries de yogis.
L’observation de terrain vient confirmer, et parfois expliciter, les prescriptions souvent lapidaires des traités, restituant, dans une certaine mesure, la couleur d’enseignements oraux perdus. La sociologie s’intéresse à la construction des identités dans les confréries de yogis, aux rapports de pouvoir, aux modalités de la transmission. Des études toutes récentes explorent, dans une perspective transversale, les influences réciproques entre yogis, danseurs, saltimbanques, lutteurs, qui se rencontraient lors de pèlerinages ou de fêtes royales et devaient échanger des connaissances et des pratiques posturales. Le yoga, ou plutôt les yogas sont ainsi replacés dans des contextes culturels évolutifs, vivants, métissés d’apports venus d’autres disciplines, ou d’autres contrées comme la Perse, le Tibet, la Chine.
Vous dites « les yogas ». Pourquoi le pluriel ?
On peut toujours employer le singulier, comme expression générique. Mais ce que l’historien rencontre, ce sont des formes très diversifiées, plus axées sur la posture ou sur l’immobilité méditative ; des courants dévotionnels, shivaïtes ou vishnouites ; des pratiques à l’adresse des hommes du monde ou des renonçants… Les Yoga-sûtras proposent une construction à huit membres, mais il a existé, en particulier dans les Épopées, d’autres propositions… Au fond, le monde indien n’a jamais sacralisé un yoga « orthodoxe », il a laissé s’épanouir un foisonnement en constante évolution.
Quels sont les « moments forts » de cette histoire du yoga ?
S’il faut choisir, j’évoquerai ce temps de genèse qui va des Upanishads, des débuts du bouddhisme et du jainisme aux Yoga-sûtras, soit environ un millénaire. Puis l’apparition, au XI° siècle, ou peut-être plus tôt, du « hatha-yoga », qui fusionne les yogas précédents avec l’apport tantrique, répondant à de nouveaux besoins de l’époque. Et enfin les étapes d’une mondialisation inédite et grandissante : celle de la première moitié du XX° siècle, avec de grands maîtres comme Vivekananda, Yogananda, Kuvalayananda, Shivananda, Kirshnamacharya et d’autres, inventeurs des yogas modernes ; celle des années soixante, qui voit la jeunesse d’Occident converger vers les ashrams ; celle du star system des années 1980, avec des personnages emblématiques comme Sting ou Madonna.
Ce cours invite chacun et les élèves de l’École Française de Yoga à se sentir parties prenantes d’une histoire toujours en marche…
Pas de commentaires