Exceptionnelle kumbh mela !

Le plus grand pèlerinage du monde… 400 millions de personnes… une ville de tentes aussi vaste que Manhattan… des centaines de milliers de repas gratuits distribués chaque jour… 30.000 toilettes : les superlatifs ne manquent pas pour décrire la Maha kumbha mela qui a eu lieu à Prayag (anciennement Allahabad) du 13 janvier au 26 février 2025. La Kumbh mela est en effet exceptionnelle, sous le signe d’une conjonction de planètes qui se produit tous les 144 ans.

Jean-Louis Lavergne, co-fondateur des Forums France Inde, a souhaité se saisir du sujet pour aller au-delà de la fascination du nombre et des clichés souvent superficiels. A quelques jours de la clôture, cette table ronde a fait le point autour de trois grands axes : les fondements religieux avec Ysé Tardan-Masquelier, historienne des religions et directrice de projets à l’École Française de Yoga ; les aspects ethnologiques et sociétaux avec Raphaël Voix, ethnologue et chercheur au CNRS ; la dimension politique avec Côme Bastin, journaliste vivant en Inde et travaillant pour de nombreux médias.

L’animation était assurée par Éléonore Gratton et Mélanie Risch, deux anciennes étudiantes du DU Cultures et spiritualités d’Asie, formation issue d’un partenariat entre l’Institut Catholique de Paris et l’École Française de Yoga.

La religion, c’est le substrat omniprésent de la fête : du mythe fondateur, le barattage de l’océan de lait primordial par les dieux et les anti-dieux, aux rituels de purification par les bains au confluent des rivières et à la vénération des grands yogis, l’immersion dans le sacré est constante. La dimension communautaire de l’hindouisme s’y exprime avec force, dans son double aspect : cohésion des familles, des groupes ethniques et régionaux, des confréries d’ascètes ; exclusion des autres, musulmans ou chrétiens. Les membres du gouvernement Modi en ont profité pour exploiter l’image d’une Inde à la fois à la pointe de la modernité et fidèle à ses valeurs traditionnelles, une Inde « techno-spirituelle », selon l’heureuse expression de Côme Bastin. Bien que, comme le souligne dans sa belle interview en visio le Père Yann Vagneux, – prêtre des Missions étrangères de Paris qui vit à Bénarès et est l’un des rares étrangers admis dans la prestigieuse lignée des Shankaracharyas -, cet immense brassage est aussi un creuset de rencontres et d’hospitalité, un espace pour l’expression de la « foi des simples ».

Un webinaire, donc, qui, au-delà de la kumbh mela, évoque les spécificités de la société indienne contemporaine et permet de mieux les comprendre !

À retrouver sur www.lesforumsfranceinde.fr